Bibi à la recherche d’une alternative (identitaire et sexuelle)

BibiOu comment se dépatouiller des normes sociales, en particulier les normes genrées, sexuées, sexuelles et autres, sans retomber dans de nouvelles normes qui ne sont finalement pas plus satisfaisantes…

2004

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D’après le concept inventé par Julie-BIBI
La plus grande conceptualisatrice de l’Absurde
Merci à l’Homme aux cheveux noirs qui n’avait pas les cheveux noirs et aux gens qui m’ont prêté des livres.

A toutes celles et ceux qui n’ont trouvé que dans le suicide l’apaisement de leurs contradictions sexuelles et identitaires. (Abruti-es !)

 

Chap. 1 INTRODUCTION AU BIBISME

« Quel malheur de n’être purement et simplement qu’un homme ou une femme ! »
Virginia Woolf

« Nous serions tous parfaits si nous n’étions ni hommes ni femmes »
Proverbe italien

« Il faut théoriser le BIBI qui est en nous »
Jean-Jacques BIBI
Adepte de la masturbation intellectuelle

« Mais pourkkkkkkkoi ?!! »
BIBI
désemparé.

Pourquoi faire des théories à la con sur la vie de tous les jours au lieu de tout simplement vivre ? Quand je regarde autour de moi, je crois voir que tout le monde se pose à peu près les mêmes questions, de type qui suis-je ? Chacun-e tente de se construire son identité et c’est pas aisé. Ce n’est pas sûr non plus que ce soit une priorité de se mater le nombril en se demandant comment le caractériser.
Ce qui est sûr c’est qu’« on » se reconnaît de moins en moins dans les catégories identitaires traditionnelles, ce qui s’explique par le fait qu’elles sont purement et simplement inadaptées aujourd’hui.

On est d’accord (???) pour dire qu’il faut déconstruire les genres, mais pour construire quoi à la place ?

Ce truc que j’ai l’intention d’élaborer cherche à faire émerger un mode identitaire et sexuel alternatif idéal… Idéal pour moi évidemment, je ne peux pas parler pour tous les BIBI mais pourquoi pas essayer d’apporter matière à votre constitution ?

L’intérêt de mettre sur du papier ce charabia que j’ai dans la tête ? Ben, c’est donc d’abord de dénoncer et de résister aux intégrismes identitaires. C’est de chanter une ode à la diversité voire à la contradiction et enfin c’est que j’ai pas envie de finir par me jeter si je ne trouve pas ma place dans les étiquettes normatives qu’on (se- nous) colle au long de notre vie :

- je ne me sens pas femme (ou alors qu’un peu),
- je ne me sens pas homme(en tout cas pas plus),
- je ne me sens pas hétéro(ou alors qu’un peu),
- je ne me sens pas homo (bon vous avez compris)

et enfin je ne me sens ni normal-e ni anormal-e. Et comme à un moment donné il faut arrêter de définir ce que l’on n’est pas, et que je ne peux pas être « neutre », je vais vous parler de BIBI.

La première question fondamentale que vous devez vous poser : Qu’est-ce qu’un BIBI ?

-1- Étymologie et généralités

« Soyons tous différents et unis »
RadicalKicker, 11.30 contre le racisme

« BIBI is bibi »
Jack Mac Bibi

BIBI est une personne unique et tout le monde à la fois.

BIBI est une notion affective, ça veut aussi dire je t’aime. Bibi vient en partie de Baby, de Bébé et de h’bibi. Sinon, on dit individu ou gens, allez disons Autrui.

BIBI renvoie à soi-même car on est tous des BIBI. Dans le dictionnaire à Bibi y a écrit : pron. Pop : Moi. Et d’ailleurs « qui est-ce qui se tape la vaisselle ?… »

Bref, tu peux remplacer BIBI dans ce qui suit par je, on, nous ou n’importe quel pronom ou prénom. BIBI c’est la considération de soi et des Autres en tant qu’individu par opposition à un homme/ une femme, un jeune/ un vieux, un noir/ un blanc, un riche/ un pauvre etc.

BIBI n’est pas forcément quelqu’un-e qui se revendique comme tel-le mais en tout cas qui cherche à dépasser les étiquettes exclusives habituelles. « Exclusives » dans le sens où si tu es une fille tu n’es pas un garçon… Nous sommes tous et toutes composé-es de tous les dualismes (du pire et du meilleur), ainsi que d’attributs dits masculins et dits féminins, donc nous sommes tous-tes des BIBI à partir du moment où on en a conscience.

Et évidemment, c’est surtout sur des considérations d’ordre sexuel que BIBI prend tout son sens : BIBI est purement et simplement une alternative au modèle féminin ou masculin, hétéro ou homo.
BIBI est à la fois l’opposition et la résistance aux intégrismes identitaires fondés sur les dichotomies de sexe, de genre et d’érotisme ; ainsi que leur réunion. BIBI pourrait être la traduction française de queer mais en moins exubérant. BIBI ne s’affiche pas forcément comme tel-le. BIBI ne se voit pas comme étant la voix des minorités transgenres mais comme une universalité, ce qui est encore plus prétentieux.

Bibi n’est que contradiction mais il faut bien vivre avec, car la mort ça pue des aisselles.

C’est pour ça qu’il y a des BIBI…

-2- BIBI n’est pas un schtroumpf

« j’adore me schtroumpfer un bon petit schtroumpf après une schtroumpf de schtroumpfs en l’air »
Schtroumpf-bibi

BIBI n’est pas un schtroumpf car BIBI n’a pas de tribu, ni de couleur spécifique, ni de bonnet catalan…

BIBI ne vit pas exclusivement dans la forêt mais ça serait mieux que dans le monde caca-pipi-taliste où BIBI ne trouve souvent pas sa place. BIBI voudrait un monde fait de bonne volonté. BIBI ne se bat pas contre des méchants mais contre un système de valeurs à la noix.

BIBI, contrairement à schtroumpf, ne se conjugue pas à tous les temps ni à toutes les sauces.
D’ailleurs BIBI est grammaticalement invariable, contrairement à son humeur qui elle est complètement variable. Tant pis pour la mode du complexe d’oppression féminine, BIBI est invariable et majuscule !!!

Ceci dit BIBI adore se déguiser et se travestir. D’ailleurs BIBI peut aussi bien se travestir en homme qu’en femme, puisque dans les deux cas il s’agit de clichés, de caricatures qui dénaturalisent le lien normatif que l’on met entre sexe et genre, voire aussi entre genre et préférences sexuelles. Ces minuscules performances théâtrales explosent les mécanismes culturels censés produire la cohérence sociale, et c’est justement mon but aussi.

Alors, BIBI de tous les pays travestissez-vous !

-3- BIBI est une masse de chair poilue

« Vous allez un peu loin mademoiselle, enlevez moi tout de suite ce doigt d’ici »
Pie X

« Comme porte-cervelle un corps c’est très pratique »
Henri-Frédéric Blanc in Situation Hors Dimensionnement

Dans l’idéal peut-être que BIBI serait acorporel-le. Ca le priverait des plaisirs du corps (bouffe, baise, etc) mais au moins ça lui permettrait de faire la nique à l’ère du temps et aux logiques consuméristes qui nous poussent à croire que les plaisirs sont matériels voir corporels. BIBI n’est pas content-e que tout devienne produit de consommation, y compris le corps qui devient objet de consommation sexuelle. Bon, en même temps BIBI en rigole, parce que c’est bon pour la santé.

BIBI a cependant pour incarnation physique cette « enveloppe », avec qui il peut éventuellement mal s’entendre vu que son corps veut sans arrêt manger, pisser, vu qu’il tombe malade, qu’il faut l’entretenir, le laver, vu qu’il vomit, qu’il est lourd et laid (surtout ses extrémités), qu’il a mal, qu’il est inconfortable, qu’il a ses règles ou qu’il bande à la piscine, qu’il est toujours trop gros ou trop maigre, qu’il gratte des fois, qu’il a des courbatures souvent, qu’il pète, qu’il tousse, qu’il crache des trucs dégueu, qu’il pue des pieds, qu’il chie, qu’il meurt, etc. Bref le corps de BIBI est vulgaire, contrairement à BIBI qui est super raffiné.

Toutes ces lignes pour dire que BIBI n’est pas seulement un concept, mais qu’il a une incarnation physique. Il faut bien l’admettre même si on peut déplorer que ce soit la première chose de BIBI que l’on voit.

Après, ben c’est vrai que certain-es trouvent qu’il n’y a rien de plus beau que le corps humain, moi pas, surtout vu de l’intérieur ou après deux semaines de putréfaction. Mais bon, les dégoûts et les douleurs, enfin euh les goûts, les couleurs, et le reste aussi hein, …, moi ce que j’en dit, c’est que tout ça n’engage que moi.

On peut bien considérer toutes choses comme des objets dignes d’observation, de contemplation même ; avoir envie de le photographier, de le peindre, de le mettre en scène. Je pense que l’on peut envisager tout corps comme un objet et y voir de la beauté plastique (ou pas). Par conséquent considérer le corps féminin comme un objet n’est pas à blâmer en soit. C’est lorsque l’on réduit les individues femelles à leur corps ou qu’on les ramène systématiquement et premièrement à cet emballage que ça devient révoltant. Cette partie s’appelle BIBI est une masse de chair poilue, elle aurait pu s’appeler BIBI n’est pas qu’une masse de chair !

Passons sur ces basses considérations. Pendant ce temps, certaines personnes incarnées d’une façon ou d’une autre ne se reconnaissent pas dans le miroir du regard des Autres. Aujourd’hui (et surtout si on est riche) on peut aussi se réapproprier son corps en le rendant plus conforme à la représentation que l’on se fait de soi. Par exemple en prenant des hormones, en se laissant pousser les poils de la tête, avec des cicatrices décoratives ou des bouts de métal, ou en se mettant des faux seins, tout ça tout ça.

Pour ma part j’ai tendance à penser que c’est un peu être victime des clichés (pourquoi croire qu’il faille avoir l’air de ce que la société considère être comme l’image d’une femme si on se sent femme ? et ça même si on est né garçon…), bref je vois pas trop pourquoi modifier le support de base, je préfère laisser mon corps en paix, mais bon vous faîtes bien ce que vous voulez du votre.

-4- BIBI a un sexe

« Oh my god »
La reine d’Angleterre

« Nous sommes plus que notre sexe car nous sommes plus que notre corps qui n’est qu’enveloppe »
Michel Dorais
in Éloge de la diversité sexuelle

BIBI ne se définit pas comme étant un homme ou une femme, comme je l’ai déjà dit, cependant il a effectivement des attributs sexuels que ça lui convienne ou pas.

D’ailleurs le sous-titre « BIBI a un sexe » est inexact car parfois il en a deux. Les cas d’hermaphrodisme ne sont pas aussi rares que ça. Toujours selon M. Dorais entre 1 et 4% de la population naît physiquement avec en partie les 2 sexes (pas forcément avec un vagin et un pénis, mais en n’ayant pas les chromosomes habituels, ou avec des hormones de travers).
Elisabeth Badinter in « XY de l’identité masculine » – dont je pourrais retranscrire tout le dernier chapitre – cite des chiffres rapportés de « Le déterminisme génétique du sexe » in La Recherche, la Sexualité n°213, septembre 1989.
Selon cette étude :
- 1 femme sur 2700 serait touchée par le syndrome de Turner (ce qui veut dire n’avoir qu’un seul X à la 23ème paire de chromosome). En fait il y en aurait bien plus, mais dans la plupart des cas il y aurait fausse-couche automatique, donc peu de naissances.
- 1 femme sur 500 aurait 3X
- 1 homme sur 700 aurait le syndrome de Klinefelter c’est-à-dire être XXY.
- 1 homme sur 500 est XYY

Les individus « souffrant » de ce que l’on appelle les aberrations chromosomiques ne sont pas différents des autres (dans le sens où illes n‘ont pas plus de chance d‘être homosexuelles, ni dégenré-es, etc), si ce n’est qu’illes ont plus de chance d’être infertiles, et dans le cas de Turner il y a des problèmes de croissance assez importants.

Je rappelle que les hommes sont censés avoir pour 23ème paire de chromosomes un couple XY et les femmes XX. C’est la seule paire qui diffère selon le genre. Cela prête à penser que nos points communs sont beaucoup plus nombreux que nos différences, que la société basée sur cette exacerbation d’une différence somme toute limitée est foireuse, illégitime, bancale.

L’embryon est au départ féminin, dans le sens où, s’il n’y a pas sur lui l’action d’un gène, il sera féminin. Le gène en question, celui qui enclenche le processus de masculinisation quelques semaines après la fécondation, est appelé gène SRY. Il est amené (ou pas) par le spermatozoïde, par le géniteur. (au passage on peut donc détruire définitivement le mythe selon lequel la mère peut influer sur le sexe de l’enfant qu’elle porte par tel ou tel procédé mystique)
Et il y a aussi des cas où ce gène ne fonctionne pas. Dans ces cas là, l’individu dont le gène SRY est déficient deviendra ultra-féminin plastiquement, et cela indépendamment de ses chromosomes (on peux donc avoir le corps d’une fille « parfaite » et avoir des chromosomes XY c’est à dire masculin). L’auteure se demande même si la plupart des mannequins et figures emblématiques de la « féminité » ne sont pas simplement la plupart du temps souffrante de l’absence de l’action du gène SRY…

Quoi qu’il en soit, au total ça fait quand même beaucoup de gens qui, même en dehors de toutes considérations comportementales ou psychologiques, ne rentrent pas confortablement dans la case « homme » ni « femme ».

Finissons-en avec ces catégories !

Aujourd’hui, dans la plupart des cas d’anomalie chromosomique détectés en début de grossesse il y a avortement ; dans tous les cas détectés à la naissance, les médecins et les parents décident de castrer ces bébés pour pouvoir les conformer à notre façon dualiste de concevoir la sexualité. On a beaucoup dénoncé à un moment et à juste raison les sévices sexuels infligés aux petites musulmanes au Soudan notamment, mais il faut aussi prendre conscience que même à côté de chez nous, on fait subir des opérations monstrueuses et ultra douloureuses aux enfants qui ne rentrent pas dans les cases toutes faîtes de notre cerveau. A noter d’ailleurs que lors de la plupart de ces castrations, les parents choisissent le sexe féminin pour leur bébé : ils se disent qu’il vaut mieux un vagin sans clitoris (une femme sans plaisir ?) qu’un petit pénis de 5 cm qui fait tâche aux pissotières (un homme sans virilité ?).
Les parents influencés – c’est un euphémisme – par les médecins ou psychologues ont peur que leurs enfants aient des problèmes de personnalité en ne pouvant pas s’identifier à l’étiquette homme ou femme.

Or les catégories de sexe sont complètement réductrices, étriquées, périmées et n’importe quelle personne normalement constituée ne rentre pas dans ces vieux moules. C’est justement à chacun de se constituer BIBI.
C’est-à-dire un individu ayant « un » sexe, « une » personnalité, et « un » érotisme, lesquels étant de tous les possibles. « Un » entre guillemets car en fait c’est plus compliqué que ça, vu que rien n’est figé, tout est multiple et évolue. En tout cas je trouve ça immonde d’opprimer ces BIBI qui sont au fond les incarnations physiques de la banalité de la bisexualité. Au lieu de cacher ces enfants, il faudrait en faire des stars ! Bref, l’objet de ce paragraphe n’était pas uniquement de saluer les hermaphrodites et les autres bizarreries du corps humain mais juste de s’entendre sur le fait que chacun a des attributs sexuels qui lui plaisent ou non.

Dans l’idéal peut-être que BIBI serait asexué-e. Ca lui éviterait d’avoir envie de baiser et de se sentir pervers parfois, mais ce n’est pas le cas. Alors bon.

Chap. 2 CONTRE-ADDICTIONS FONDAMENTALES : ou la contradiction au service de la contre-addiction

Confusion is sex
Album de Sonic Youth, 1986

Comme on l’a déjà vu, BIBI n’est que contradictions. Ca explique son caractère instable et ses sautes d’humeur.
Comment pourrait-ille bien être autre dans un univers comme le notre ? Nous sommes coincé-es entre l’hédonisme consumériste psychologisant et narcissique de cette saloperie de libéralisme d’un côté, et le principe selon lequel cette liberté de choix ( = de consommation) serait la garante de l’épanouissement personnel, de la cohésion et de l’égalité sociale. C’est pas clair ? Tant pis.

La contradiction est partout. Ce n’est pas un mal en soi. La réunion de deux choses contradictoires c’est la vie, c’est le plaisir !

Pour preuve, que vous évoque cette suite de termes pseudo-contradictoires ?

- Dedans – Dehors
- Liquide – Rigide
- Jouissif – Dégueulasse
- Contracter – Dilater
- Détendre – Exciter
- Plaisir – Douleur
- Tendresse – Violence
- Douceur – Sueur

D’où ce méchant message pour celleux qui ont des problèmes avec les hommes-femmes, avec les femmes-hommes, avec celleux qui ne savent pas ce qu’illes veulent, avec les bisexue-les, les transgenres, les êtres contradictoires, avec leurs propres contradictions bref avec la
Contradiction :
Ce n’est pas la Contradiction qui est perverse c’est vous qui êtes des détraqué-es, bande de monosexuel-les !

Dans ce qui suit je vais énoncer quatre postulats de départ ainsi que leurs contraires : le paragraphe A renvoie au A’ etc, qui vont orienter le reste de l’argumentaire. A vous de les adapter à votre humeur, je ne prétends pas énumérer des vérités fondamentales ni sur les gens ni sur les BIBI puisque ni BIBI ni les vérités générales n’existent ailleurs que dans ma tête au moment m. C’est juste un prétexte pour parler de choses et d’autres. Je remarque simplement que l’on peut penser que une chose et son contraire :

-A- Le monde c’est la merde :

« The world is a vampire »
Smashing Pumpkins
Dépressifs aux dents longues

Les rapports humains sont dégueulasses, les gens sont encore plus pourris que le système qu’ils tolèrent. Le capitalisme n’est que la forme moderne de l’institutionnalisation de la domination, devenant comble de ce principe. Domination qui est de l’essence de la civilisation humaine et dont les illustrations sont multiples à travers les temps (féodalité, patriarcat, esclavage et toutes les formes d’oppression antédiluviennes comme celles subies par les femmes, les animaux…).
Bref, la vie des fois ça fout la gerbe.

N’importe quel-le individu-e qui n’assume pas sa misanthropie a besoin de se construire une alternative humaine au caca ambiant. Caca constitué principalement de sur-consciences individuelles. Cette alternative humaine passe par BIBI.

-A’- Le monde c’est le pied

« Moot-attitude is a life style »
Moot-man

La vie c’est ça qu’est bon. C’est une suite de rencontres, de petits bonheurs la chance et de free chocolat parties. Les arcs-en-ciel fleurissent, les vélos roue-libre, sun is shinning and the weather is sweet. BIBI a des paillettes coincées entre ses dents email-diamant ou pas. Pépé et Mémé sont amoureux. Les enfants gambadent à Mariennebad, les adolescents bourgeonnent, les adultes régressent dans l’allégresse. Pourquoi noircir ce tableau idyllique ?

Pourtant BIBI oscille entre le goût et le dégoût pour la vie. Du coup, la facilité est de ne jamais choisir et de se laisser porter par les choses. Comme ce n’est pas toujours possible, quand le choix est incontournable, BIBI ne sait pas quoi faire, quelle moitié écouter et se complait dans sa déprime.

-B- Distinction Amour et Désir :

« L’Amour ne se manifeste pas par le désir de faire l’amour mais par le désir du sommeil partagé »
Milan Kundera
Philosophe neuneu du samedi après-midi

« Caca ! »
« On a pas la vie facile, hein ma petite dame ! »
Popo

Même s’il y a un relatif consensus sur le fait que ressentir de l’Amour ou du Désir pour une personne soient deux sentiments distincts, je définis cette proposition comme deuxième postulat de départ. BIBI éprouve les deux et a généralement besoin de donner et recevoir les deux pour supporter la vie. Sauf peut-être celleux qui ont réussi à grandir dans cette société sans intérioriser ce qui ressemble maintenant à un impératif : connaîs toi toi-même, découvre tes envies pour pouvoir les réaliser (envers et contre tout, et surtout contre l’intérêt général) !!!
Mais rares sont les gens qui ont réussi à déconstruire jusque là les préjugés sociaux, surtout que ce préjugé là (tu dois apprendre à décortiquer tes désirs, à les comprendre pour te connaître et t’aimer) est nouveau dans l’histoire et assez tentant. Sauf que finalement ça ne conduit bien souvent qu’à tellement essayer de cerner, de triturer ses envies, d’y passer plein d’énergie qu’on peut presque dire qu’on en devient esclaves.

Je parlerai d’attirance et de rassurance plutôt que de désir et d’amour. Et je définirai ces termes dans le chapitre 3…

On dit que les deux réunies pour et chez la même personne c’est l’idéal ; je dis qu’à long terme ça n’existe pas plus que (euh, un truc qui n’existe pas). Alors, c’est vraiment sympa de l’imaginer mais je ne pense pas qu’il soit socialement souhaitable de vivre dans l’attente de quelque chose qui n’existe que dans l’imaginaire collectif. (vous n’avez qu’à vous prendre par la main pour trouver un sondage jeune et jolie ou truc du genre pour illustrer)

BIBI est une alternative au couple traditionnel, notion qui n’a pas eu besoin de moi pour exploser.

-B’- Toi, le contre-exemple je t’attends

Y a des gens à ce qui paraîtrait, qui rencontrent l’homme ou la femme de leur vie, individu-e qui concentre leurs désirs, leur Amour, qui parvient à les attirer et les rassurer à la fois. Y en a même qui sont amoureux toute leur vie. Attirance/Rassurance ?

Prince-sses charmant-es je vous hais. Allez moisir aux pays des mors-nés qui puent des pieds.

Et comme tu n’existes pas, il me reste BIBI que j’aime au pluriel. Au moins ça évite d’exiger de l’autre de concentrer tout ça et de l’harceler avec tous ces désirs contradictoires. Ca évite aussi de croire qu’ille « n’est pas le bon » alors hop poubelle juste parce qu’ille ne ressemble pas toujours à cet idéal à la con qui colle au cerveau.
A mon avis le concept du couple et plus particulièrement du mariage n’a pas toujours été absurde. Cette façon ultra moralisatrice de concevoir le fonctionnement social a certainement servi historiquement a réguler et pacifier le coit. A une époque pas si lointaine (2,3000 ans ? En tout cas une miette à l‘échelle de la Vie) ça devait être un compromis intéressant entre l’agressivité des hommes et la nécessité de protéger les femmes dans l’intérêt même de la reproduction ? Au lieu d’être l’objet de toute la classe « homme » on devient objet d’UN homme, youpi…
Mais au final, le mariage a plus été l’aboutissement pernicieux du système d’exploitation des femmes qu’autre chose. Dès le départ, le mariage est un contrat qui officialise l’appropriation de l’individue femelle par l’individu mâle, et qui entérine du même coup le système hétérosexuel. Historiquement, ce qu’il y a de plus horrible dans l’institutionnalisation du mariage c’est qu’il a invisibilisé les violences subies par les femmes, en les enfermant dans la sphère privée, et du même coup qu’il les a empêchées de s’organiser collectivement… Sans compter que l’idéal d’Amour-Passion toujours insidieusement ancré dans la tête de la plupart des gens aujourd’hui, en est directement inspiré.

Et quel est l’intérêt social du mariage aujourd’hui ? A la limite un intérêt économique, et encore, j’aurais tendance à dire que son intérêt est nul.

La seule chose qui soit digne d’Amour, c’est l’humanité entière, ou alors personne. Alors soit je vais y arriver à l’aimer cette salope, soit pas et je serais aigrie toute ma vie et je vous conseillerais donc de pas me parler. Merci.

-C- Le sexe c’est le chaos :

« Houellebecq’s spirit is driving you crazy ! »
Bobby le cowboy

« Le mouvement qui se voulait libérateur, voire révolutionnaire, tombe dans la répétition et le besoin compulsif […] le sujet devient dépendant de pratiques sexuelles qui deviennent nuisibles à son équilibre, il aimerait s’en libérer mais n’y parvient pas »
Dr Valleur et Matysiak
In Sexe, Passion et jeux vidéos, les nouvelles formes d’addiction

Outre le plaisir individuel éphémère et éventuellement une ouverture générale aux autres, le sexe n’amène socialement que des complications relationnelles, des tensions, de la jalousie, des frustrations, bref des emmerdes.
Les communautés sexuelles libres n’ont jamais tenu le coup car à moyen terme la liberté sexuelle est psychologiquement insupportable.
La sexualité c’est le contraire de l’innocence. Elle n’est souvent envisagée que comme la recherche de l’orgasme envers et contre tout. Pour preuve le fait que le viol soit systématiquement utilisé comme une arme de guerre est assez éclairant. Et, plus convaincant qu’un long discours, un petit champ lexical, une liste de :
jalousie, crise hormonale, frustration, accident, manque, monogamie, douleur, ignorance, indifférence, prostitution, masturbation, honte, homophobie, solitude, laideur, vieillesse, complexes, jalousie encore, mutilations sexuelles, pédophilie, viol, exhibition, MST, obsession, perversion, exhibition, torture, sodomie forcée, impuissance, syphilis, avortement, sida, procréation, fantasmes aliénés, pornographie, pudeur, blablabla blabla…

Sans compter que l’on n’a jamais autant parlé de sexe qu’aujourd’hui mais qu’au final on vit dans un monde de frustrations. La génération porno est bombardée de canons au torse imberbe et de strings ficelles, de grosses poitrines et de regards alléchants.
Le culte du corps et des plaisirs corporels au sens large n’amènent en fin de compte qu’un décalage croissant entre la représentation du plaisir sexuel et la réalité ; accompagné de complexes généralisés pour toutes celles et ceux qui ne rentrent pas dans les modèles de représentations féminines ou masculines habituelles. Je ne parle pas seulement des critères normés de beauté, mais d’identité sexuelle : comment peut-on encore se « sentir femme », par exemple, alors que le modèle-type de la jeune fille est soit une jolie potiche sans cervelle, soit une requine aux dents et seins longs ?
Personnellement je préfère inventer autre chose que de convaincre les gens qu’être une femme ce n’est pas tous ces clichés. Ca me paraît plus facile et plus chouette d’être un BIBI, d’être un nouveau mot que de traîner derrière moi tout ce qu’on a historiquement pu attribuer aux individus qui telles caractéristiques sexuelles. Quand je lis dans les journaux « la Femme avenir du manager » ou la Femme ceci ou cela, ça me donne vraiment envie d’être quelque chose qui n’a rien à voir avec ce stupide concept.

-C’- Le sexe c’est ça qu’est bon

« Toi-même tu sais, baby »
Guib

« Je jouis donc je suis »
Baby

Ai-je vraiment besoin de convaincre qui que ce soit ?

Qu’y a t-il de meilleur que le sexe pour se rappeler qu’on est vivant, pour voir la vie en rose ? Joie ou jouissance sont du luxe dans ce monde de frustrations, chaque orgasme est une victoire sur la mort. Qu’y a-t-il de plus beau ? Quoi de plus fort que de participer à la jouissance de celleux que l’on aime, pour le leur dire justement ? Le sexe est la meilleure façon de se rapprocher de quelqu’un.
Fin c’est cool, quoi comme dit l‘individu post-moderne.
Il faut donc absolument qu’on trouve ensemble une alternative entre l’abstinence et l’obsession. En sachant que comme vous l’avez peut-être déjà remarqué la société par le biais des médias a tendance à nous rappeler toujours plus que notre épanouissement ne peut passer que par les sens, par la consommation et le sexe ; ce qui n’a pour effet que de plus tendre à nous éloigner les unes des autres que l’inverse. A force de tous et toutes passer son temps à se demander comment et avec qui on pourrait enfin atteindre le degré de plaisir qu’on est apparemment censé-es atteindre, à quoi on en arrive finalement ? A simplement s’éloigner toujours plus de LA question : comment vivre ensemble ?

-D- Misogynie, misandrie mon cœur balance

« Les femmes, toutes des salopes ; les hommes, tous des bites. »
Mémé
Aigrie

Mon dégoût pour l’humanité toute entière fait moins l’unanimité et n’est pas beau à voir. Mais qui n’a jamais entendu ces mots de la bouche d’un mâle ou d’une femelle déçu-e par le sexe opposé ? Je suis homme et femme, je dis ça aussi par (auto)dérision. Il n’empêche que la plupart des hommes que j’ai rencontré ne résistent pas à leurs pulsions sexuelles, souvent envers et contre tout ; et que les femmes, si elles peuvent y résister des fois (car c’est moins accepté socialement et culturellement) compensent cette frustration par d’autres pulsions négatives, comme la méchanceté par exemple. Ou comme l’aigreur comme je viens de l’illustrer en tête du paragraphe.

Est-ce inné de toujours tout ramener à son nombril ou à sa bite ?

Je précise bien que l’objet de cette sous-partie n’était pas d’insister sur la différenciation sexuelle homme/femme ou bite/salope. C’est justement ce que je dénonce.

Les garçons ne sont pas plus mauvais ou plus égocentriques, ils ont simplement un pouvoir physique (et social) de destruction plus grand et qui s’exprime différemment puisqu’ils peuvent se servir de leur sexe comme d’une arme. Les filles ne pouvant utiliser leur sexe en tant que tel comme d’une force, c’est leur pouvoir d’attraction sexuelle qui le devient. Mais c’est la même démarche de pouvoir et de domination sur laquelle je chie.

Étant admis ces postulats, on peut admettre aussi facilement leurs contraires, comme quoi il n’y a pas besoin d’être schizophrène. (?)

-D’- BIBIsexualité

« La véritable condition de l’être humain est la bisexualité »
Dr Louis Corman
Vieux morphopsychologue

« I love you h’bibi i love you »
Les barbarus fourchins

Du fœtus au génie, du maçon au psychopathe, de l’adolescent prépubert au vieillard, des civilisations pré-industrielles aux générations cyberpunk, etc, nous sommes tous et toutes composé-es d’une part de féminité et d’une autre de masculinité qui s’entremêlent et qui se déclinent de multiples façons. Socialement inacceptable pendant longtemps, ce fait doit aujourd’hui être érigé en valeur suprême : « Nous sommes tous des BIBI ». Rien ne sert de tenter de se convaincre que l’on est une femme sous prétexte qu’on n’a pas de bite ou qu’on est un garçon sous prétexte qu’on n’a pas de seins, cela ne mène qu’à faire taire sa deuxième partie et donc à se frustrer, à instaurer le déséquilibre interne comme norme.
Nie ta « moitié » femelle, gars et tu auras le choix entre la survirilité genre rambo et la marginalité honteuse puisque les caractères dits féminins sont considérés chez un homme comme une faiblesse. Chez les femmes aussi mais c’est pas leur faute elles sont nées comme ça.
Nie ta « moitié » mâle, meuf, et tu as le choix entre potiche-style-of-life et le cliché inverse de réaction à la norme qui pousse à survaloriser ce qu’on t’interdit de mettre en avant socialement, à savoir ta virilité, donc à opprimer ta féminité. C’est-à-dire d’adopter les codes du l’autre genre tout en constatant que celles qui se comportent comme ça sont perçues comme des aliens par les autres.

Donc, même quand BIBI sera parvenu à se définir comme tel-le, va passer beaucoup trop d’énergie à essayer d’équilibrer ses deux « moitiés ». Cet équilibre ou déséquilibre selon les cas, est à la base de vraiment plein de choses selon moi, notamment des fantasmes, de sa représentation du monde. Mais autant éviter aux autres l’énergie stupidement dépensée dans cette auto-définition et dans cette démarche pour s’accepter soi-même : acceptons nous vite fait comme on est, comme ça on aura plus d’énergie pour les choses qui ont vraiment de l’importance telle que « bon on la fait quand la révolution ? »
Pour synthétiser, mon hypothèse c’est qu’on est initialement tou-tes bisexuel-les dans tous les sens du terme : composé-es d’aspects dits masculins et féminins, mais aussi attiré-es à la fois par le semblable et le différent, etc. C’est la vie, les normes, les circonstances et les accidents qui font que certain-es se bloquent une de leur moitié… non ? D’ailleurs ce n’est pas un problème tant que l’on trouve d’autres moyens de s’épanouir que le sexe. Or l’organisation sociale actuelle ne nous en offre pas beaucoup d’alternatives et comme j’ai pas encore d’autres idées et que je suis une obsédée je continue.

Chap. 3 LI-BIBI-DO

« la conception du monde qu’a chaque individu dépend du mode de la bisexualité chez lui »
Docteur Louis Corman
Toujours aussi vieux morphopsychologue

Les fantasmes et la représentation que l’on se fait du plaisir sexuel sont évidemment évolutifs dans le temps et dans la tête selon l’acceptation de sa composition bisexuelle et selon ses expériences (entre autres). Elle dépend de beaucoup de choses qui sont trop emmêlées, trop inconscientes et trop individuelles pour être abstractisables ou généralisables ; surtout par moi qui n’ai pas spécialement de qualification en la matière.

Je ne cherche pas à définir de « bonnes façons » d’imaginer l’amour, ni de « bonnes pratiques » sexuelles ou autres. Je ne pense pas que cela soit possible et encore moins souhaitable. Les tentatives de définition ou de description de « l’amour vrai » participent forcément plus à construire socialement l’anormalité sexuelle comme une maladie, qu’à imaginer des moyens pour dépasser ces conceptions.

Ceci étant dit je vais donner en vrac dans ce dernier chapitre des pistes de réflexion, en inventant des mots ou en en définissant d’autres.

-1- La « Rassurance »

Je désigne par ce mot qui n’existe pas le besoin que l’on peut ressentir d’amour, de tendresse, d’être choyé-e, aimé-e, rassuré-e, par des relations épanouissantes ou pas. Cela s’acquiert par l’Amour au sens large du terme, impliquant éventuellement des rapports sexuels ou pas avec celles et/ou ceux qui procurent de la rassurance à BIBI. C’est pas du tout systématique.

Généralement ce besoin est comblé par une (des ?) relation(s) durable(s), envisagée(s) à moyen ou long terme, habituellement accompagnée(s) de rapports sexuels et souvent – en moyenne – de type couple. Ce que je trouve à la fois assez triste et néanmoins mieux que de devenir complètement ouf dans l’anonymat généralisé.

On peut imaginer que si tout le monde se donnait de l’affection sans contrepartie on n’aurait pas de raison de mettre en place des relations de dépendance affective qui peuvent faire perdre la tête. Mais tout le monde a besoin d’être rassuré et quand ton voisin te marche sur la tête quand tu es dans le caniveau c’est logique que t’aies envie de te jeter dans les bras de quelqu’un-e de ton entourage en qui tu fais confiance.

On peut aussi considérer que les relations amicales très fortes de style clan qui assurent cette affection quotidienne au membre du groupe sont du même type, ou encore au sein de la famille, faut voir la famille. Cela ne veut pas forcément dire que les sous-entendus sexuels soient explicites ni que cela soit incompatible avec les autres relations dites de rassurance.
D’autres, enfin, recherchent cette « sécurité affective » par des rapports sexuels avec tout plein de BIBI, ce qui est relativement invivable parce que le sexe c’est le chaos (à vous de me et vous prouver le contraire).

Selon la personnalité de chacun-e le besoin de rassurance s’exprime différemment, allant de l’indépendance totale au cumul des types de relation affective, ce qui rend tellement complexes les choses que je ne vais pas essayer d’en dire plus pour ne pas dire de trop grosse connerie. Bref : tout est possible il suffit de le vouloir et de le penser comme inéluctable.

Rappelons tout de même que les gens (mais pas les BIBI) ont tendance à croire que la rassurance n’est possible que par l’exclusivité et la fidélité. C’est de la bonne et pure connerie comme je vais le démontrer par la suite. Gnarf nerf.

-2- L’Attirance

Le type de relations précédemment décrit, fondé sur la confiance, l’entente réciproque, la communication et l’amour s’accompagne aussi parfois du désir, de l’envie, de séduction, d’une idéalisation de l’Autre ; bref de ce que j’appellerai l’attirance.
Mais à long terme, je pense qu’il est quasi-impossible que rassurance et attirance se conjuguent dans la même personne, BIBI ou pas.

Ce sont en effet deux notions dichotomiques : la rassurance implique la stabilité ; l’attirance la poursuite de quelque chose donc l’instabilité.

L’attirance pour quelqu’un-e est forcément une relation sexuelle accompagnée de rapports sexuels réalisés ou fantasmés, en sachant qu’il n’est pas forcément souhaitable que la réalisation soit effective (car le sexe c’est le chaos) mais que d’un autre côté c’est ça qu’est bon.
Sans oublier que l’attirance est évolutive, sauf chez les pédophiles qui sont malades mentaux dans le sens où illes bloquent sur l’objet de leur premier amour. Je suis pas en train de dire qu’il faille porter un jugement sur les gens qui sont attiré-es par des enfants (il n’y a pas de morale à donner sur l’objet de désir de quiconque, fut-il farfelu). Je dis juste que de ne pas évoluer c’est une maladie. Donc les pédophiles sont des malades.
De la même façon, les gens qui bloquent sur une image idéalisée et normée de la femme, par exemple, qui n’évoluent pas dans leur désir, sont des malades…

Mais dans l’ensemble, la règle c’est qui n’y en a pas et que tout est possible. Je pourrais par exemple être né mâle, avoir changé de sexe et aimer les femmes…

-3- Distinction relation et rapport sexuel

Ce que j’ai appelé relation sexuelle décrit toute relation humaine orientée par le désir de l’autre en tant que BIBI, accompagnée ou pas de rapports sexuels. Y en a qui disent que toute relation est sexuelle mais y faut pas pousser Mémé dans les orties. Peut-être que c’est vrai mais moi ça me fait flipper de penser que les relations désintéressées n’existent pas. D’ailleurs BIBI est assez désintéressé-e en moyenne car BIBI est aussi misogyne que misandre. BIBI aime les gens, pas les femmes ni les hommes !

Ce que j’appelle rapport sexuel désigne l’acte sexuel, la recherche de l’orgasme de préférence par et pour l’autre. Certain-es considèrent la masturbation comme un rapport sexuel à part entière, personnellement je l’exclurai des « rapports sexuels » puisque c’est un rapport à soi et pas aux autres. Ca ne veut en aucun cas dire que je dénigre l’intérêt voire la nécessité de la masturbation dans la constitution de son identité sexuelle. Sans compter que c’est salvateur et bonnard, ça détend et stimule l’imagination.
Vous aurez compris que l’objet de ces mots mis bout à bout n’est pas de vanter les mérites de la masturbation, ( personne n’a eu besoin de ces mots pour avoir envie de se toucher sous la couette !), mais d’essayer d’inventer une organisation sexo-sociale moins rigide et plus épanouissante.
Et puis l’auto-satisfaction bien que ça évite la dépendance à l’Autre, ça ne remplacera jamais la sensation que l’on a serré par des bras aimés.

Quel intérêt de distinguer rapport et relation sexuel et tout ça ? C’est qu’il me semble que l’on manque de mots pour décrire toutes ces situations avec les autres. Sûrement vous aurez déjà remarqué ça si vous avez des « relations privilégiées » avec des gens du même sexe que vous : quand on dépasse les stéréotypes sexuels, les mots qui servent à désigner les actes normaux ne veulent plus rien dire… Sûrement d’ailleurs il y a plus de chance que vous vous soyez dit ça si vous n’avez pas de bite et que vous avez essayé d’aimer vos pairs. En effet, « faire l’amour » désigne des actes que l’on peut se représenter pour un couple hétéro, mais à quoi ça renvoie « faire l’amour » quand les personnes en présence sont des filles ? Et puis si vous êtes un garçon et que vous avez essayé d’aimer un autre, vous avez dû vous dire faire l’amour avec lui ça veut dire faire ci faire ça, alors qu’en fait les clichés sur la pénétration par exemple sont à jeter à la poubelle. Il faut inventer des mots qui veulent dire quelque chose qui correspondent à ce que l’on vit !

Bref, je vous souhaite bien du plaisir et surtout d’arriver à vous retrouver dans le méli-mélo de la vie. J’aimerais avoir des réactions, pour peut-être écrire d’autres choses à partir de vos témoignages ou idées…
J’aurais peut-être dû parler du regard des autres qui joue à fond sur la constitution de son identité. Comment s’en abstraire, pour s’épanouir, sans tomber dans la provocation ? Provoquer c’est toujours dépendre mais dans l’autre sens, c’est laid. Citation : « tant que le regard des autres joue un rôle déterminant, la morale amoureuse est vouée à l’hétéronomie et à la dépendance aux normes du groupe. » Pascal Duret in Les Jeunes et l’Identité Masculine. J’ai pas parlé de l’absence totale de référent-es bisexuel-les, ni de la double pression qu’endure celleux-ci puisque que les bisexuel-les dérangent à la fois l’ordre embourgeoisé homosexuel et le système hétéronormé. J’ai pas parlé non plus du rôle de l’éducation des enfants, ni du langage, ni du concept de pervers polymorphe ni de tout un tas de choses. J’ai encore envie d’écrire des choses et j‘aimerais le faire avec vous… Aussi je cherche une personne qui aurait envie de dessiner des petites BD.

Bon ben bon courage pour arriver à vous connaître et à vous aimer… (au pluriel !) Maintenant on est tous très content-e-s d’être soi-même et très bien dans nos baskets fabriqués par des petites mains en Thaïlande. Maintenant qu’on s’accepte on peut passer aux choses sérieuses et se poser de vraies questions. Comment vivre ensemble convenablement ? Qu’est-ce qu’on fabrique dans cet univers où on exploite les plus faibles et ou peut réduire l’humanité au néant parce que c’est plus rentable ? Comment réinvestir la chose publique ? Comment renverser ceux qui détiennent le pouvoir et qui se le gardent ? Comment ne pas retomber dans le cercle vicieux de la domination ? Et puis pourquoi ?

BIBI-jour chez vous !

Mémé
Achevez-la en 2004

Mémé

P.S.

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